
Gron : coulisses d’un télésiège reconditionné
Le 10 avril 2025, le télésiège de Gron a transporté les derniers skieurs vers le sommet des pistes. En fin de journée, l’arrêt de l’appareil était définitif. C’est d’ailleurs avec une certaine nostalgie que les équipes du domaine skiable ont vécu cet instant. Il faut dire que ce vieux « pépère » est emblématique. Inauguré à Noël 1998, il détient un beau palmarès : 26 hivers en service, 24 000 heures de fonctionnement et 15,5 millions de passagers transportés, soit l’équivalent de la ville de Los Angeles. Autant dire que la retraite est bien méritée… Et pourtant, l’histoire ne s’arrête pas là ! Avec son remplacement, c’est une nouvelle aventure qui commence car pour lui succéder, ce n’est pas un appareil neuf qui a été choisi, mais un télésiège « reconditionné », soigneusement sélectionné et préparé pour sa nouvelle vie dans la combe de Gron.
Aux Carroz, l’économie circulaire s’invite dans tous les secteurs, même dans les remontées mécaniques. Un choix vertueux sur tous les plans – éthique, écologique et économique – qui méritent quelques explications à lire dans cet article. Mais avant de pouvoir embarquer à nouveau, il y a tout un chantier à orchestrer. À travers une série de photos inédites et de reportages vidéo, nous avons décidé de vous faire vivre, au plus près du terrain, les coulisses de ce chantier d’envergure… Car faire renaître un télésiège ailleurs, c’est tout un défi.
les coulisses du chantier
ÉTAPE 1 : DÉMONTAGE DE L’ANCIEN TÉLÉSIÈGE DE GRON
Avant de laisser place à un appareil plus moderne, l’ancien télésiège doit être entièrement démonté. La première étape consiste à retirer tous les sièges encore pendus sur la ligne. Ils seront stockés au sol durant le reste des opérations. Une fois la ligne dégagée, il est alors possible de procéder à la découpe du câble. Voilà une opération impressionnante qui marque symboliquement la fin de vie du télésiège. Couper un câble de remontée mécanique ne s’improvise pas… Composé d’un ensemble de brins métalliques appelés « torons » tressés méticuleusement entre eux, cette véritable colonne vertébrale d’acier est conçue pour encaisser une charge colossale (32 tonnes pour Gron). Pour le sectionner, le chalumeau entre en scène, découpant chaque brin un par un tandis que le câble est toujours suspendu entre les pylônes. Au moment précis où le dernier toron cède, la tension accumulée dans le câble est libérée. Le métal ne se rompt pas sans réagir : il tressaille, tremble, bouge parfois même brusquement. Cette étape critique nécessite donc une vigilance toute particulière et une mise en sécurité des intervenants. Les opérations se poursuivent avec le démontage des équipements majeurs : les pylônes et les gares. Les équipes de la STM PUGNAT – expertes des travaux en montagne – sont aux commandes. Les géants d’acier sont déboulonnés et sont déposés au sol à l’aide d’engins spéciaux. Il faut s’imaginer les colonnes de métal s’effondrer avec une facilité déconcertante, comme un château de cartes effleuré du bout des doigts. Une fois à terre, un nouveau processus peut commencer. L’entreprise de ferraillage prend le relais, en triant soigneusement les matériaux afin de garantir la valorisation et le recyclage des déchets. Là aussi, l’acier finit par se déchirer en petits morceaux, comme du papier, sous la poigne de la cisaille hydraulique. Et pour les quelques éclats égarés au sol ou enfuis malencontreusement, un aimant géant est fixé à la place de la pince, permettant de récupérer tous les derniers fragments. L’idée étant de tourner la page de l’ancien télésiège « proprement ». Au total, une dizaine de jours auront été nécessaires pour finaliser les étapes de démontage.
Merci aux équipes du domaine skiable, de la STM Pugnat et de POMA.
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