« Wahou », c’est sans conteste le premier mot qui vient à l’esprit. Qu’importe la manière : admirer une photo qui capture l’instant ou être là au bon moment. La mer de nuages compte parmi les plus beaux cadeaux offerts par Dame Nature. Épais, les nuages recouvrent toute la vallée. En accéléré, ils se mettent à danser. Quelles explications scientifiques à ce phénomène à la fois naturel et exceptionnel ? Comment se forme cette beauté au-dessus de la grisaille ? Réponses.

 

Qu’est-ce qu’une mer de nuage ?
Très simplement, une mer de nuages est une vaste étendue de nuages bas, appelés stratus et observés à une certaine altitude. Au-dessus, il fait « beau ». En-dessous, le ciel est gris et à l’intérieur, la visibilité est souvent réduite en raison du brouillard.

 

Comment se forme une mer de nuage ?
Une inversion de température est à l’origine de ce phénomène météorologique, plus fréquemment observé dans les vallées. De novembre à février, le soleil n’est pas assez puissant pour réchauffer efficacement les basses couches. L’air froid et humide qui est plus lourd se retrouve alors piégé dans les plaines. L’air chaud, lui, reste en haut. En montagne, le temps est alors plus sec et plus doux. C’est l’inversion thermique. Le contraste entre ces deux masses d’air va engendrer la formation d’une ligne de nuages.

 

Pourquoi la mer de nuages peut sembler en mouvement ?
Même s’il est imperceptible, un vent faible (5-15km/h) est toujours présent. Les stratus qui composent la mer de nuages ne restent donc jamais totalement figés et peuvent onduler, rappelant le mouvement des vagues (plus visible en accéléré). Si le vent reste faible et que les conditions restent stables, la mer de nuages peut potentiellement persister durant quelques jours. Par contre, si le vent devient trop fort, la couverture nuageuse se disloque.

 

Souvent, le plafond de la mer de nuages se situe à la même altitude. Comment cela s’explique-t-il ? Est-il possible d’estimer cette limite ?
Si les conditions sont propices, la limite supérieure de la mer de nuages se situe régulièrement vers 1000-1300m en fonction des secteurs alpins. C’est pour cela que cette limite est récurrente. Aux Carroz, elle est fréquemment observée au niveau du village à 1140m, et il faut se rendre au sommet de la Télécabine pour la surplomber. Pour l’estimation du plafond, l’expérience du météorologiste est évidemment primordiale. En complément, il utilise un émagramme. Cet outil inclut un système de courbes combinant l’altitude, le taux d’humidité, la température à l’air libre et au point de rosée. À l’intérieur du nuage, les lignes se rejoignent. Le point d’écartement des courbes symbolise le dessus de la mer de nuage, avec une température à l’air libre qui augmente et permet un temps ensoleillé.

 

La mer de nuages est-elle un phénomène rare ? Les massifs sont-ils un terrain propice ? À l’inverse, est-ce que des endroits en France n’en observent jamais ?  
Non, ce phénomène n’est pas considéré comme rare. Les nuages bas constituant une mer de nuages peuvent se former n’importe où en France, même s’il est vrai qu’ils sont moins fréquents à certains endroits (vallée de Chamonix, Haute-Tarentaise, Côte d’Azur, Alpes du Sud). C’est surtout une question d’altitude et de topographie.

 

Propos recueillis auprès de Mr Allan CROUVIZIER, météorologue indépendant – www.météo-montblanc.com