Point de situation : nous sommes le 24 février, il est 17h30. La météo ensoleillée de la journée laisse maintenant place à une ambiance plus tempétueuse. Le vent se lève, la neige fraîche tombée la veille s’envole et tourbillonne, les prévisions s’annoncent tumultueuses avec un trio frissonnant : le froid, le vent et la neige. D’expérience, l’équipe du domaine skiable sait que la télécabine peut subir quelques désagréments suite à de telles conditions. Cette remontée mécanique, même faite d’acier, n’apprécie pas ce genre de nuit où les cabines ne sont pas à l’abris. C’est pourquoi, ce jour-là, nous avons assisté à la manoeuvre de décyclage. Plus simplement, il s’agit de ranger les cabines dans leur garage dédié.

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GARAGE VIDE DES CABINES DE LA KÉDEUZE

À la construction de la télécabine en 2004, une pièce de 600 m2 a été intégrée au sous-sol du bâtiment. Cette dernière fait office de garage pour les 66 cabines de la Kédeuze. À ce stade, pour nous les usagers, il est difficile d’imaginer que les cabines aient leur propre zone de stockage et que plus aucune d’entre elles ne soient pendues sur le câble… Et pourtant, les équipes font appel à cette opération régulièrement durant une saison.

 

Question #1 : Pourquoi rentrer les cabines dans leur garage ?

En hiver, lorsque les nuits sont agitées et froides, il se peut qu’une congère se forme autour de la pince (le système d’accroche de chaque cabine sur le câble). Dans ce cas, le tout se bloque et empêche le bon fonctionnement au démarrage de l’appareil. C’est pour éviter cette configuration et une ouverture retardée le lendemain matin que les cabines sont mises au chaud et protégées dans leur garage.
Deuxième avantage : ne pas avoir de cabine sur la ligne permet de faire tourner le câble à vide pendant la nuit pour éviter la formation de givre. Cette mise en marche spéciale s’appelle d’ailleurs le « mode dégivrage ». Ça aussi, vous ne saviez pas que c’était possible, n’est-ce pas ?

 

Question #2 : Quelles sont les étapes pour procéder à la mise au garage des cabines ?

La toute première tâche est de préparer le cheminement des cabines pour la descente dans le garage. Pour ce faire, une partie du quai de débarquement (partie jaune) s’abaisse afin de ne plus être au même niveau que la cabine et donc créer un couloir de passage (cf. première photo VS deuxième photo). C’est alors que le personnel procède à la mise en marche via la commande centrale. Le premier point de vigilance réside dans le fait de s’assurer que les trains de cabine sortent de leur axe principal pour suivre l’axe dédié à la mise au garage.

Question #3 : quelle est la spécificité mécanique et technique ?

Assister à cette chorégraphie millimétrée est impressionnant. La prouesse mécanique et technique réside dans le fait qu’à aucun moment, les cabines ne s’entrechoquent entre elles. La cadence et l’espacement restent similaires à tout moment de la manoeuvre. Ceci est rendu possible grâce à des « doigts » plastiques constamment en mouvement. Ils avancent, se positionnent en avant et en arrière d’une pince, et font progresser la cabine de plusieurs mètres. Ils se détachent alors pour aller faire avancer une autre cabine en amont.

 

Question #4 : quel est le degrés de formation nécessaire à la manoeuvre ?

Le décyclage des cabines nécessite de la maitrise et de l’observation. La vérification de la bonne préparation à la manoeuvre constitue le plus gros du travail. Une fois que la procédure commence, la mission du personnel des remontées mécaniques est d’avoir une vigilance constante sur l’avancement des cabines car la mécanique peut s’avérer capricieuse… En règle générale, deux personnes sont à minima nécessaires pour cette manipulation. Si le vent est vraiment violent, alors trois personnes ne sont pas de trop. La formation au décyclage des cabines est continue. La répétition en conditions réelles reste la meilleure option pour être à l’aise sur l’opération. La plupart du temps, il faut compter une saison complète pour devenir un expert.


le décyclage des cabines en vidéo

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